Il y a près de 12 ans, le CCGA s’est vu offrir la possibilité d’obtenir un numéro à 3 chiffres pour accéder aux centres de notifications, et ce, partout au Canada. Rétrospectivement, je ne me souviens pas tout à fait de la façon dont j’ai obtenu le poste pour piloter ce dossier, mais cela ne venait pas de moi. Je venais juste de me joindre à HMA Land Services pour y lancer un département de services opérationnels, qui était en lui-même un véritable défi, lorsque l’occasion s’est présentée. Le CCGA n’était pas organisé comme il l’est aujourd’hui, mais nous avons néanmoins réussi à amasser plus de 100 000 $ en très peu de temps. Cette somme a servi à faire appel aux services d’un avocat afin d’aider le CCGA à préparer une présentation auprès du CRTC pour l’utilisation partagée du 811 à travers le Canada et à naviguer dans les méandres du processus du CRTC.
Nous connaissons la conclusion de cette demande (elle a été rejetée par le CRTC). Après une courte pause, le plan B (ClickBeforeYouDig.com) a été lancé. Obtenir l’URL de ClickBeforeYouDig en anglais, en français et en espagnol nous a coûté moins de 20 000 $, soit une fraction des 100 000 $ récoltés pour faire la demande auprès du CRTC. Peu après l’annonce de la décision du CRTC, je me souviens très bien avoir fait une présentation au Comité permanent des opérations de l’Association canadienne de pipelines d’énergie (CEPA) au sujet du bien-fondé des demandes de localisation sur le Web lorsque Don Wishart, vice-président à la direction de TransCanada PipeLines (maintenant TC Energy) et président du Comité des opérations (CEPA), a posé la question très simplement : « Pourquoi ne l’avons-nous pas fait en premier lieu? »
C’était une bonne question et elle me trotte dans la tête depuis ce jour.
En tant que pays, nous envions nos amis américains d’avoir fait la promotion du 811 pour sensibiliser le public à l’échelle du pays à la prévention des dommages, et nous avons voulu faire la même chose au Canada. Cependant, il s’agissait d’un simple numéro de téléphone : les services Web et les applications mobiles se multipliaient à un alarmant rythme exponentiel, et les services basés sur le nuage n’étaient qu’à leurs débuts. C’est sur ça que le CCGA devait se concentrer.
Il a fallu un certain temps pour convaincre les dirigeants canadiens d’adopter l’appel à l’action de ClickBeforeYouDig et, encore aujourd’hui, les messages de sensibilisation auprès du public ont une approche contradictoire, mais les données ne mentent pas : une analyse indépendante confirme que les demandes de localisation sur le Web entraînent moins de dommages que les demandes par téléphone, et c’est l’objectif, n’est-ce pas?
Les projets de loi S233 et S229 du Sénat ont été un autre point culminant pour le CCGA qui a, une fois de plus, saisi l’occasion de travailler avec le sénateur Grant Mitchell pour présenter une loi sur la prévention des dommages permettant de régir les infrastructures souterraines sous une réglementation fédérale. Ce fut toute une aventure : pendant près de 6 ans, le CCGA a travaillé à la réalisation de cet objectif avec le sénateur Mitchell et son équipe. L’engagement continu des membres essentiels du CCGA a été énorme, en particulier celui de l’Association canadienne du gaz. En collaboration avec l’avocate parlementaire Ginette Fortuné, nous avons rédigé l’ébauche des projets de loi S233 et S229, qui est sans contredit le point fort de ma carrière professionnelle. Je me souviendrai toujours de l’endroit où j’étais lorsque j’ai entendu le projet de loi S229 être adopté au Sénat : dans ma voiture, garée dans un terrain vacant sur la 11e Rue SE à Calgary, à écouter les délibérations du Sénat sur mon téléphone.
Au cours des 12 dernières années, le conseil d’administration du CCGA a atteint un sommet de 24 membres pour devenir « l’association des associations », mais lorsque la conjoncture économique a été difficile, le nombre de membres a commencé à diminuer. En raison de la récession financière du Canada et du nuage persistant au-dessus du secteur de l’énergie, un changement au niveau de la gouvernance était nécessaire.
En Alberta, les prévisions économiques sont demeurées désastreuses. Les cours mondiaux de l’énergie et les politiques gouvernementales ont décimé le secteur pétrolier et gazier. De nombreuses entreprises, comme ENCANA (aujourd’hui OVINTIV), qui était le joyau de l’Ouest canadien, ont déménagé leurs sièges sociaux hors du Canada. Depuis 2015, les pertes d’emplois estimées dans le secteur de l’énergie en Alberta sont supérieures à 100 000, et le taux de chômage provincial actuel est de 11 %.
Le Common Ground Alliance de l’Alberta n’est pas à l’abri des immenses défis auxquels ses membres sont confrontés depuis cinq ans. Là où les réunions de l’ABCGA attiraient 75 membres et où les comités étaient formés à la fois de bénévoles engagés et enthousiastes, il ne reste tout simplement plus assez de personnes pour consacrer du temps à la cause. Par conséquent, le nombre de participants aux réunions a souvent été réduit à 20 représentants ou moins.
Sans pouvoir prédire la fin des prévisions économiques désastreuses de l’Alberta, et en ayant des réalités fiscales accablantes qui s’avèrent trop nombreuses à supporter, l’Alberta One-Call Corporation (AOC) et l’ABCGA ont présenté, à la fin de l’année dernière, un point commun à l’ordre du jour lors de réunion de leur conseil d’administration respectif pour unifier leurs services sous la bannière de l’AOC. Les motions ont été adoptées, et la transition vers un service unifié se terminera le 31 décembre 2020. Ce changement assure l’avenir de l’ABCGA tout en conservant son héritage, mais des conséquences humaines accompagnent ces décisions de rationalisation : le contrat de Michelle Tetreault avec l’ABCGA a pris fin le 30 novembre, et quelques autres contrats administratifs de l’ABCGA ne seront pas renouvelés.
Parallèlement aux changements qui ont lieu en Alberta, j’ai présenté ma démission à titre de président du CCGA à Todd Scott, président de l’ACGA, en octobre dernier. Cette décision entrera en vigueur le 31 décembre 2020. Todd, le conseil du CCGA et moi-même travaillons maintenant à l’élaboration de la période de transition, et dans un avenir proche je continuerai à faire partie du conseil d’administration du CCGA afin de représenter l’Alberta.
Diriger le CCGA dans les deux langues officielles au cours de la dernière décennie a été un honneur. Merci pour l’occasion que vous m’avez offerte, votre engagement sincère et les triomphes que nous avons célébrés. Malgré les défis et l’adversité que nous avons connus, nous avons réussi à créer une voix collective qui continuera à se faire entendre. Nous avons réussi à faire évoluer la prévention des dommages.
Mike Sullivan