Rédigée par Valerie Jenkinson, WWWS
Les opérateurs canadiens d’eaux potables et usées, Jason Mank, Marcel Misuraca et Glen Ketchum ont récemment contribué à faire une énorme différence dans la vie des résidents de la République dominicaine. Ils ont répondu à l’appel adressé aux opérateurs pour aider DOWASCO, l’autorité des services d’eau d’aqueduc et d’égout de la Dominique après la destruction de leurs installations par l’ouragan Maria.
L’ouragan Maria, considéré comme étant la pire catastrophe naturelle de l’histoire de la Dominique, a été classé parmi les dix cyclones tropicaux les plus puissants du monde en 2017 et la tempête la plus meurtrière de la très active saison des ouragans dans l’Atlantique en 2017.
L’ouragan a atteint une force de catégorie 5 le 18 septembre, juste avant de toucher terre à la Dominique, devenant ainsi le premier ouragan de catégorie 5 à frapper l’île.
Maria a causé de graves dommages à la Dominique et ses communications ont été coupées à la grandeur de l’île. La plus grande partie du parc résidentiel et des infrastructures ont été endommagés sans possibilité de réparations alors que la végétation luxuriante de l’île avait pratiquement disparu. Les décès connus s’étaient élevés à 31 et des dizaines de personnes manquaient encore à l’appel.
Pendant les semaines qui ont suivi, la plupart des habitants de l’île ont souffert de l’inondation et du manque de ressources, aggravé par la lenteur du processus de secours. DOWASCO venait récemment d’effectuer des rénovations et réparations de l’ordre de 24 M$ à son infrastructure après la violente tempête qui a causé de sérieux dommages sur l’île en décembre 2013. Après les dégâts catastrophiques laissés par l’ouragan, le travail a ensuite été entravé par le pillage des magasins.
Lors d’une conversation à la séance plénière sur les catastrophes de la récente conférence sur l’eau potable et les eaux usées des Caraïbes en Guyane, Bernard Ettinoffe, directeur général de DOWASCO, a communiqué le besoin non seulement d’équipement, mais également d’opérateurs qualifiés capables d’aider à la réhabilitation des usines de traitement et des réseaux de distribution d’eau potable à Valerie Jenkinson de World Water and Wastewater Solutions Ltd, dont le siège social est situé au Canada, mais qui œuvre à partir d’une base à Sainte-Lucie dans les Caraïbes.
Employés de DOWASCO posant des canalisations
Valerie a lancé un appel à Robert Haller, directeur de l’Association canadienne des eaux potables et usées, qui s’est immédiatement engagé à accorder un appui. À la séance plénière de leur conférence tenue à Terre-Neuve, Robert a accordé du temps à Valérie pour une présentation et qui a amené un certain nombre d’opérateurs à se porter volontaires. Robert a également offert de remettre les fonds recueillis grâce à un encan silencieux à la conférence et de passer le chapeau. Un total de 4?000 $ a été recueilli pour payer les billets d’avion des opérateurs volontaires. Cette somme a été réunie grâce à une subvention de l’Agence caribéenne de gestion de catastrophes.
Nous tenons à remercier, en plus de l’ACEPU, Ivan Rodrigues et Lewis à l’APUA à Antigua qui ont eu la gentillesse d’aller chercher et les Canadiens qui ont dû passer la nuit à Antigua, en transit vers la Dominique. Nous adressons des remerciements particuliers à Daryl qui est allé les chercher à l’aéroport, pour les conduire à leur hôtel et ensuite les emmener souper et écouter de la musique caribéenne lors de cette soirée. Il s’est ensuite présenté à l’hôtel à 5 h pour les ramener à l’aéroport. Nos remerciements également à Patricia Aquing et Alphonsus Daniel de C(Caribbean)WWA pour leurs efforts et leur aide.
Jason Mank, Marcel Misuraca et Glen Ketchum ont formé le premier contingent d’opérateurs à se rendre à la Dominique. Ils se sont portés volontaires pendant leurs deux semaines de congé pour travailler avec DOWASCO en décembre. Ce qu’ils ont accompli était un véritable cadeau de Noël anticipé pour les résidents de la Dominique.
Marcel a été affecté à la réhabilitation du service d’approvisionnement en eau de trois villages. Il a travaillé avec des équipes de DOWASCO et voyagé pendant deux heures tous les jours pour se rendre au site. Il a déclaré que le travail, souvent objet de frustrations, s’est finalement avéré très satisfaisant, car ils ont pu rétablir le service d’approvisionnement en eau dans les trois villages en deux semaines. Le transporter et le raccord des conduites et de l’équipement était un travail physique très exigeant. Ils devaient monter et descendre les pentes et passer par-dessus les débris et les pierres, mais après quelques jours, il sautait simplement par dessus et a dit être revenu plus en forme qu’au moment de sont départ?!
Jason et Glen ont travaillé avec une personne des Pays-Bas et des employés de DOWASCO pour remettre l’usine d’épuration en état et la faire fonctionner. Jason raconte le travail qu’ils ont réalisé :
«?Nous avons réussi à brancher la conduite principale qui avait été emportée par la rivière pendant la tempête. Ce qui nous a permis de pomper à l’usine et de ne pas avoir à épurer l’eau de la rivière. Nous avons également pu restaurer les stations de pompage en ville et tester l’équipement de pompage. Grâce au branchement du côté nord de la rivière, nous avons pu amener et tester tout l’équipement de l’usine ainsi qu’à la station de pompage du nord. Nous les avons également aidés à trouver une solution pour résoudre le problème du côté sud de la ville.
Bref, nous avons réussi à remettre en marche l’usine de traitement des eaux usées qui n’avait pas fonctionné depuis la tempête ainsi que les stations de pompage du nord et du sud de la ville. Nous avons laissé l’usine de traitement et la station de pompage du nord de la ville en mode automatisé. Nous avons organisé une séance de formation sur l’utilisation de l’équipement pour les opérateurs de DOWASCO durant notre dernière journée sur place, mais le temps n’était certainement pas de notre côté (ce fut bref, environ 25 min seulement). Par conséquent, nous n’avons pas eu la chance de leur offrir une formation pour l’entretien, les changements d’horaire pour le graissage, etc. D’après ce que j’ai vu pendant mon séjour là-bas, il y a un urgent besoin de formation pour l’entretien, sinon il y aura des défaillances qui pourraient éventuellement empêcher le traitement des eaux usées à l’usine.?»
Même si les trois volontaires ont parfois vécu des frustrations en raison du rythme de travail et de tout ce qu’il y avait encore à faire, ils ont affirmé avoir trouvé l’expérience extrêmement gratifiante et ont déclaré souhaiter se porter à nouveau volontaires dans l’avenir.
On attend l’appel de DOWASCO relativement à la date d’envoi d’une deuxième cohorte pour poursuivre l’aide à la restauration des installations.
Valerie Jenkinson affirme qu’ils ont l’intention de fonder Operator’s Without Borders (opérateurs sans frontières), tout comme Ingénieurs sans frontières et Médecins sans frontières et qu’on dresse une liste de volontaires qui seraient déployés lors de futures catastrophes. «?Le Canada est tellement choyé et aider nos contreparties des services d’utilité publique est quelque chose que nous pouvons réaliser avec notre talent et nos ressources. Redonner à notre profession de cette façon est profondément enrichissant?».
L’ACEPU s’est engagé à poursuivre son aide. Tout opérateur qui aimerait se porter volontaire et voir son nom ajouté à la liste devrait communiquer avec Valerie à : jenkinsonv@gmail.com. Nous encourageons également les services d’utilité publique et les fournisseurs qui souhaitent faire un don pour financer les futurs coûts de transports des opérateurs «?prêtés?» lors d’une prochaine catastrophe. Si chaque service d’utilité publique ou entrepreneur versait 500 $, il y aurait des fonds pour déployer des opérateurs à tout moment, sans préavis, pour faire une différence réelle dans le monde. Les fonds devraient être acheminés à l’Association canadienne des eaux potables et usées.
Jason, Marcel et Glen relaxent après une dure journée
Canadian Water and Wastewater Association