Nous avons tous lu des articles qui suggèrent que les « pilotes d’hélicoptère sont des introvertis maussades », mais ce n’est certainement pas nom expérience. J’ai déjà lu : « Il est très logique d’être un peu parano lorsqu’il y a des gens qui veulent vous démolir ». Nous sommes les produits du monde dans lequel nous vivons. Notre environnement forge nos personnalités. Les pilotes d’hélicoptère doivent toujours gérer des situations qui sont en dehors de leur contrôle. Un exemple pourrait illustrer ce point. Je devais transporter 12 biologistes d’un campement isolé à 20 milles dans les terres, et à 50 milles à un autre campement sur la côte (mon campement de base), d’où ils allaient prendre un Twin Otter. Je pouvais prendre trois personnes à la fois avec leur équipement. J’avais des fûts de carburant aux deux extrémités. Le plafond était à 3000 pieds, avec une visibilité de 10 milles lorsque j’ai quitté mon campement pour recueillir mon premier chargement. Lorsque je suis revenu avec mes trois premiers biologistes, le climat était impeccable pour les premiers 47 milles, mais il s’est rapidement détérioré à zéro-zéro dans le brouillard côtier pour les trois derniers milles. Le Twin Otter a fait un tour, sans pourvoir se poser. Heureusement, j’avais assez de carburant pour ramener les biologistes à leur point d’origine, mais j’ai dû passer la nuit dans leur campement, alors que tout mon équipement était dans un refuge sur la côte. Est-ce que j’étais parano pour transporter suffisamment de carburant pour revenir à ma base? J’ai été trop souvent pris dans de mauvais climats côtiers pour prendre quoi que ce soit pour acquis. Je dois dire que je n’étais pas suffisamment parano pour garder des vêtements de rechange dans mon hélicoptère. Un pilote d’hélicoptère doit avoir assez d’humour pour rire de lui-même après un événement inattendu, et assez d’intelligence pour apprendre de son expérience et pour reconnaître que malgré ses meilleurs efforts, il peut arriver des imprévus et que nous devrons parfois nous passer la nuit sur une couchette dans un campement ou à l’arrière de notre hélicoptère. Mais ça peut toujours être pire.